Surla route de la soie, il existe de nombreuses lĂ©gendes et rĂ©cits mythiques ou historiques qui dĂ©crivent l'existence d'un royaume de Paix et de Justice, nommĂ© le royaume de Shambhala. Dans l'initiation du Kalachakra oĂč il est invoquĂ© tout particuliĂšrement, un tel royaume est souvent considĂ©rĂ© comme le coeur du monde, tant physiquement que spirituellement.
Le 1er janvier 2107, le premier train de marchandises chinoises a entamĂ© son voyage de 12 000 km vers Londres depuis la ville industrielle de Yiwu dans l’est de la Chine. Ce train fait partie du projet Une rĂ©gion, une route » one belt, one road qui relie l’Est Ă  l’Ouest et sert Ă  renforcer l’influence mondiale de la Chine. Londres est le dernier arrĂȘt sur un long et complexe rĂ©seau de routes commerciales que la Chine a créées ces derniĂšres annĂ©es. L’Asie centrale est devenue la direction principale du dĂ©veloppement des projets d’infrastructures chinoises. La Chine a Ă©galement l’intention de dĂ©velopper ses liens commerciaux et d’investir en Europe, avec un rĂ©seau ferroviaire sur 39 itinĂ©raires et reliant 16 villes chinoises Ă  15 villes europĂ©ennes. Il traverse l’Asie centrale pour aller vers l’Iran, la Turquie, la Russie, la Pologne, l’Espagne et d’autres pays d’Europe. AprĂšs avoir acquis le titre de l’usine du monde », la Chine est passĂ©e du rejet du capitalisme Ă  son acclimatation. Sa nouvelle route de la soie sert non seulement Ă  l’exportation des produits chinois, mais elle est Ă©galement utilisĂ©e pour importer en Chine la viande provenant d’Allemagne, le vin de France et le bois de Russie. Toutefois, le rĂŽle de la nouvelle route de la soie ne se limite pas au commerce. Elle fait partie de la stratĂ©gie chinoise qui vise la construction d’une sociĂ©tĂ© asiatique internationale et sert Ă  concrĂ©tiser une percĂ©e gĂ©opolitique chinoise Ă  travers toute l’Asie continentale. S’établir comme leader en Asie La Chine se montre de plus en plus autoritaire. Sa prĂ©sence Ă©conomique et militaire croissante dans la rĂ©gion de la mer de Chine mĂ©ridionale montre qu’elle a l’intention de bĂątir sa propre sphĂšre d’influence, basĂ©e sur des liens Ă©conomiques et militaires interconnectĂ©s. Ainsi, le nouveau projet Une rĂ©gion, une route » est effectuĂ© dans le cadre de l’Organisation de coopĂ©ration de Shanghai, une importante organisation de sĂ©curitĂ© rĂ©gionale, et il vise le renforcement de relations entre la Chine et les pays proches de la rĂ©gion de l’ocĂ©an Indien. Entre-temps, la Chine vise Ă©galement Ă  signer un important accord de libre-Ă©change avec l’Association des pays d’Asie du Sud-Est ASEAN, ainsi que l’Australie, l’Inde, le Japon, la RĂ©publique de CorĂ©e et la Nouvelle-ZĂ©lande. Ce projet sert de base pour la stratĂ©gie tournĂ©e vers l’Ouest et les investissements Ă©trangers directs de la Chine. Il sert Ă©galement Ă  accroĂźtre la prĂ©sence Ă©conomique chinoise dans toute l’Asie. En 2015, 44 % des projets d’ingĂ©nierie chinois Ă  l’étranger ont Ă©tĂ© effectuĂ©s dans les pays longeant la nouvelle route de la soie. En 2016, ce chiffre a atteint 52 %. Avec 4 000 milliards de dollars, ce projet reprĂ©sente le soft power Ă  grande Ă©chelle, et l’influence grandissante de la Chine inquiĂšte de plus en plus l’Inde, son rival. IntĂ©rĂȘts Ă©troitement liĂ©s La Chine prĂ©sente son projet Une rĂ©gion, une route » comme faisant partie de sa politique de voisinage » qui vise le dĂ©veloppement d’un environnement rĂ©gional favorable. Les dirigeants chinois affirment qu’ils poursuivent des objectifs communs dans la rĂ©gion, sans aucun but idĂ©ologique. À la place, ils mettent l’accent sur l’engagement pratique des États de la rĂ©gion les projets d’investissement utilisent l’acier, le bĂ©ton et autres produits et services chinois dans l’intĂ©rĂȘt du dĂ©veloppement des pays voisins et stimulent les entreprises locales. La Chine voit ses propres intĂ©rĂȘts et ceux de ses voisins comme de plus en plus Ă©troitement liĂ©s. Les pays de l’Asie centrale manifestent leur intĂ©rĂȘt dans des investissements dans l’infrastructure, le dĂ©veloppement des ressources naturelles, l’approfondissement des compĂ©tences et, naturellement, dans la crĂ©ation de rĂ©seaux commerciaux. Les investissements dans l’économie locale contribuent non seulement au renforcement de la sĂ©curitĂ© nationale, mais aussi Ă  la stabilitĂ© de ces États. La Chine tient compte de cela et cherche des approches correspondant aux intĂ©rĂȘts communs. La Chine a lancĂ© son service de fret en Iran en 2016. EPA L’intĂ©gration par le biais de l’investissement, la construction, l’extraction des ressources naturelles et le commerce est la base de la crĂ©ation de nouvelles zones d’influence Ă©conomique. La Chine essaye de transformer l’Asie en une entitĂ© gĂ©ante interconnectĂ©e et composĂ©e de 60 pays. MĂȘme si des rĂ©gions relativement plus petites existeront toujours, il y Ă  aujourd’hui une possibilitĂ© rĂ©elle de crĂ©er une superrĂ©gion asiatique avant la fin du XXIe siĂšcle. Elle pourrait largement dĂ©passer l’Union europĂ©enne en termes d’étendue, de dimensions et de potentiel Ă©conomique. On s’attend dĂ©jĂ  Ă  ce que dans dix ans le volume du commerce dans le cadre du projet Une rĂ©gion, une route » atteigne 2 200 milliards de dollars le chiffre du commerce de l’UE est au niveau de 3 100 milliards de dollars. ConsĂ©quences de grande envergure Le succĂšs de l’initiative chinoise pourrait avoir des consĂ©quences de grande envergure pour les pays asiatiques concernĂ©s, ainsi que pour l’ensemble de la communautĂ© internationale. Alors que la Chine se dirige vers l’ouest de l’Asie, elle pourra exploiter les vastes ressources naturelles de l’Asie intĂ©rieure, ainsi que profiter de grandes rĂ©gions Ă©nergĂ©tiques autour de la mer Caspienne et du golfe Persique. Le projet Une rĂ©gion, une route » manifeste l’intention de la Chine de devenir le cƓur » du continent asiatique. Cette intention s’accorde avec ses autres prioritĂ©s stratĂ©giques en Asie – le partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est ASEAN et le renforcement de l’Organisation de coopĂ©ration de Shanghai oĂč la Chine coopĂšre avec la Russie. Ensemble, ces sphĂšres forment les trois cercles d’influence chinoise en Asie. Ils contribuent Ă  l’accroissement de la puissance de la Chine et montrent envers elle une attitude crĂ©dible, quoique peut-ĂȘtre pas toujours accueillante dans la rĂ©gion s’étendant de l’ocĂ©an Pacifique Ă  l’ocĂ©an Atlantique. Faireun trek de plusieurs jours au Kirghizistan est idĂ©al pour dĂ©couvrir ce petit pays d'Asie Centrale recouvert Ă  plus de 90% par les hautes montagnes du Tian Shen et du Pamir, berceau de plus de 2 000 lacs d’altitude, et musĂ©e de paysages Ă©poustouflants. Ce sera l’occasion de s’enfoncer dans cette nature sauvage, autrement inaccessible, d’aller Ă  la
Auteur SĂ©bastien Goulard Cover Guo Qi, ć·Žäžčć‰æž—æČ™æŒ , DĂ©sert Badain Jaran 2010 Date 26 avril 2019 Partager En 2013, la Chine est devenue la premiĂšre puissance commerciale au monde, surpassant les États-Unis ; la mĂȘme annĂ©e, PĂ©kin dĂ©voilait son plan pour faire renaĂźtre les anciennes routes de la Soie, Ă  savoir l’initiative One Belt, One Road OBOR, plus tard rebaptisĂ©e Belt and Road Initiative BRI. Dans sa dĂ©finition de 2013, telle que prĂ©sentĂ©e par le prĂ©sident chinois Xi Jinping, l’OBOR consistait Ă  dĂ©velopper les Ă©changes commerciaux en modernisant les infrastructures et en facilitant les procĂ©dures commerciales selon deux axes d’une part, un rĂ©seau de routes traversant le continent eurasiatique de la Chine Ă  l’Europe, et, d’autre part, une voie maritime reliant les deux rĂ©gions. Aujourd’hui, le projet des nouvelles routes de la Soie, ou BRI concerne l’ensemble des continents depuis que Xi Jinping a appelĂ© l’AmĂ©rique latine Ă  le rejoindre au forum Chine-CELAC1 en janvier 20182. Cependant, l’Europe demeure une destination majeure de la BRI en raison de l’importance mĂȘme des Ă©changes entre le continent et PĂ©kin. Et pourtant, l’Union a tardĂ© Ă  formuler une rĂ©ponse unie au projet chinois de la BRI, en raison des craintes ou au contraire des attentes qu’elle suscite suivant les pays, et a finalement inaugurĂ© en septembre 2018 un projet qui pourrait ĂȘtre complĂ©mentaire Ă  l’initiative chinoise. L’Initiative, axe essentiel de la stratĂ©gie globale chinoise La rĂ©alisation des nouvelles routes de la Soie est une prioritĂ© pour le gouvernement chinois. Si Ă  ses dĂ©buts, l’objectif de l’Initiative Ă©tait principalement de rĂ©gler la question de la surcapacitĂ© industrielle de la Chine – notamment dans l’acier – en stimulant des dĂ©bouchĂ©s Ă  l’étranger, les motivations qui la concernent semblent avoir changĂ©. Le projet est Ă  la fois politique et Ă©conomique, il se doit d’illustrer le nouveau statut de grande puissance de la Chine. La promotion de l’Initiative, avec la crĂ©ation de la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures en 2015 ainsi que les efforts menĂ©s pour internationaliser la monnaie chinoise participent Ă  l’ascension d’une superpuissance chinoise sur la scĂšne internationale. D’autre part, Ă  travers la construction de nouvelles infrastructures de transports, d’énergies, notamment dans les pays en dĂ©veloppement, ce projet colossal devrait accompagner la mutation industrielle de la Chine, telle qu’imaginĂ©e dans la stratĂ©gie Made in China 2025. Ce plan prĂ©voit de faire du pays le leader des nouvelles technologies – robotique, intelligence artificielle, nanotechnologies – Ă  l’horizon 2040. Un objectif qui suppose donc la dĂ©localisation des industries les moins avancĂ©es vers des pays ou rĂ©gions Ă  faibles coĂ»ts de production, comme l’Éthiopie oĂč le secteur du textile est boostĂ© par les investissements chinois. Ainsi Beijing participe au financement d’infrastructures dans les pays Ă©mergents afin de mieux connecter leur production aux marchĂ©s mondiaux. Le succĂšs de la BRI induit irrĂ©mĂ©diablement une rĂ©duction des barriĂšres commerciales. La Chine s’est ainsi fait l’apĂŽtre de la lutte contre le protectionnisme et le partisan du libre-Ă©change, comme en tĂ©moigne le discours du prĂ©sident Xi Jinping au Forum Ă©conomique de Davos en 20173. En raison de la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis, la Chine pourrait adopter une position plus conciliante envers l’Europe pour rĂ©aliser sa stratĂ©gie de connectivitĂ© avec le reste du Goulard Pour Beijing, l’Europe fait figure de partenaire essentiel dans sa stratĂ©gie d’ouverture, notamment face Ă  une AmĂ©rique plus protectionniste. Nonobstant les tensions qui existent entre Beijing et Bruxelles sur plusieurs questions, telles que le dumping sur l’acier ou le statut d’économie de marchĂ© que la Chine voudrait obtenir de la part de l’Union4, Beijing sait que la nĂ©gociation est possible avec l’Europe. Bien qu’un possible accord de libre-Ă©change entre les deux puissances ne soit plus d’actualitĂ©, le dialogue visant Ă  intensifier les Ă©changes se poursuit. En raison de la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis, la Chine pourrait adopter une position plus conciliante envers l’Europe pour rĂ©aliser sa stratĂ©gie de connectivitĂ© avec le reste du monde. Le continent europĂ©en reprĂ©sente en effet un de ses marchĂ©s les plus importants. Un projet qui divise l’Europe Pour l’Union, il est difficile de parler d’une seule voix sur la question de la BRI, en raison de la division qui perdure entre ses membres sur ce sujet. La perspective d’investissements chinois pousse certains États Ă  embrasser son principe. En novembre 2018, le prĂ©sident Xi Jinping s’est arrĂȘtĂ© Ă  Madrid avant de se rendre au sommet du G20 de Buenos Aires, puis a fait escale au Portugal sur le chemin du retour. Bien que les pays de la pĂ©ninsule ibĂ©rique se soient tous deux montrĂ©s dĂ©sireux de renforcer leurs Ă©changes avec Beijing et d’attirer de nouveaux investissements chinois, leurs rĂ©ponses Ă  l’invitation offerte par le prĂ©sident chinois de rejoindre la BRI ont largement diffĂ©rĂ©. Bien qu’approuvant les efforts chinois pour lutter contre le protectionnisme et reconnaissant le principe des nouvelles routes de la Soie, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez n’a pas souhaitĂ© que son pays rejoigne officiellement la BRI. A contrario, le prĂ©sident portugais Marcelo Rebelo de Sousa a signĂ© avec enthousiasme un MĂ©morandum d’entente engageant le Portugal sur ces nouvelles routes de la Soie. Xi Jinping a notamment assurĂ© que le port de Sines deviendrait un centre logistique majeur de la BRI. Il faut souligner la politique trĂšs accueillante que le Portugal a adoptĂ©e envers la Chine, depuis la crise Ă©conomique qui a secouĂ© le pays de 2010 Ă  2014. Dans ce contexte, le pays a cherchĂ© Ă  devenir une nouvelle porte d’entrĂ©e des investissements chinois en Europe, et a ainsi ouvert le capital de plusieurs grandes entreprises nationales Ă  des gĂ©ants chinois. Un exemple particuliĂšrement stratĂ©gique est celui de l’acquisition d’un quart du capital de l’entreprise REN Redes EnergĂ©ticas Nacionais, sociĂ©tĂ© de gestion des rĂ©seaux d’électricitĂ© et de gaz par l’entreprise d’État chinoise China State Grid. Lisbonne a aussi mis en place les fameux golden visa qui permettent Ă  des investisseurs Ă©trangers d’obtenir de maniĂšre facilitĂ©e un visa de rĂ©sidence au sein de l’Union EuropĂ©enne. Les investisseurs chinois ont Ă©tĂ© les plus nombreux Ă  bĂ©nĂ©ficier de ce systĂšme5. L’exemple portugais n’est pas unique dans l’Union europĂ©enne, d’autres États ont franchi le pas ; la GrĂšce, la Hongrie ou encore l’Estonie avaient dĂ©jĂ  auparavant apportĂ© leur soutien au projet chinois. Jusqu’alors, les puissances occidentales europĂ©ennes avaient refusĂ© de signer un accord officiel engageant leur pays dans l’initiative chinoise, mĂȘme s’ils en approuvaient le principe. Cependant, en mars 2019, deux autres pays membres de l’UE ont rejoint la BRI l’Italie qui espĂšre ainsi accroĂźtre les investissements chinois dans ses infrastructures et le Luxembourg pour conforter sa place de centre financier entre l’Europe et la Chine. En consĂ©quence, la position commune des chancelleries occidentales envers la BRI, dĂ©finie en 2018 par les ambassadeurs des États europĂ©ens en Chine, semble caduque, et ce, malgrĂ© les doutes et les interrogations que la BRI suscite. Jusqu’à rĂ©cemment, la Chine pariait sur des dĂ©saccords Est-Ouest de l’Union europĂ©enne pour faire avancer ses intĂ©rĂȘts en Europe, Ă  travers le format 16+1 ». Cette initiative inaugurĂ©e en 2012 regroupe la Chine aux cĂŽtĂ©s de onze États de l’Union europĂ©enne6, et de cinq États balkaniques7, non membres de l’Union, tous anciennement rattachĂ©s au bloc soviĂ©tique. Mais cette initiative ne semble pas porter totalement ses fruits. D’une part, les membres de l’UE qui participent au format 16+1 » rencontrent des difficultĂ©s Ă  parler d’une seule voix Ă  Bruxelles, et d’autre part les investissements chinois dans la zone demeurent encore relativement rĂ©duits par rapport Ă  ceux rĂ©alisĂ©s en Europe occidentale. Cependant, il convient de se garder d’imaginer une Chine qui encouragerait les tensions au sein de l’Union. Beijing reste attachĂ© au multilatĂ©ralisme, et bien que ses entreprises tirent parfois parti des divisions internes Ă  l’Union europĂ©enne, la puissance chinoise attend de l’Europe d’agir comme un partenaire solide. Si la crise du Brexit a pu crĂ©er des opportunitĂ©s Ă  court terme pour des Ă©ventuels investisseurs chinois, la stabilitĂ© et l’intĂ©gration de l’Europe sont considĂ©rĂ©es comme des prioritĂ©s pour Beijing8. La Chine entretient un certain flou sur ce qu’elle attend des États qui s’engagent dans la Goulard Il faut aussi noter que la Chine entretient – Ă  dessein ? – un certain flou sur ce qu’elle attend des États qui s’engagent dans la BRI. Les memoranda d’entente signĂ©s avec ses partenaires ne mentionnent aucune obligation concrĂšte pour les parties. Les signataires s’engagent simplement Ă  soutenir l’initiative Belt and Road, mais les modalitĂ©s ne sont pas prĂ©cisĂ©es. Lors de leurs visites Ă  Beijing, de plus en plus frĂ©quentes, les dirigeants europĂ©ens tels qu’Emmanuel Macron ou le prĂ©sident italien Sergio Mattarella expriment leur intĂ©rĂȘt pour le projet chinois des nouvelles routes de la Soie, mais demandent aussi plus de dĂ©tails sur la rĂ©alisation de la BRI. Pourquoi la BRI inquiĂšte ? L’Union s’inquiĂšte des Ă©ventuelles contreparties auxquelles devraient faire face les États europĂ©ens en Ă©change d’investissements chinois effectuĂ©s dans le cadre de la BRI. Ces inquiĂ©tudes ont poussĂ© les ambassadeurs europĂ©ens Ă  Beijing Ă  signer un rapport interne trĂšs critique Ă  propos de l’initiative chinoise des nouvelles routes de la Soie. Un possible manque d’ouverture de ce projet aux entreprises Ă©trangĂšres y est Ă©voquĂ©. Seul un envoyĂ© s’est abstenu de signer ce document l’ambassadeur de Hongrie, un État qui espĂšre continuer Ă  recevoir des investissements chinois9. L’influence politique de la Chine À travers les investissements rĂ©alisĂ©s dans le cadre de la BRI, la Chine pourrait chercher Ă  Ă©tendre son influence en Europe et faire taire les Ă©ventuelles remises en cause de sa politique. Ainsi en juin 2017, la GrĂšce, un État clef de la BRI en Europe qui bĂ©nĂ©ficie de nombreux investissements chinois, a Ă©tĂ© l’unique membre Ă  s’opposer Ă  ce que l’UE fasse mention de la situation des droits de l’Homme en Chine au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Pour AthĂšnes, ce commentaire aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une critique non-productive »10. Un an plus tĂŽt, en juillet 2016, la GrĂšce et la Hongrie refusaient de signer une dĂ©claration commune de l’Union EuropĂ©enne incitant la Chine Ă  respecter la rĂ©cente dĂ©cision de la Cour arbitrale de La Haye rejetant ses revendications en mer de Chine mĂ©ridionale, afin de ne pas crĂ©er de tensions avec Beijing. Le respect du droit europĂ©en Un autre sujet d’inquiĂ©tude concerne les modalitĂ©s et les procĂ©dures visant la construction d’infrastructures dans le cadre de la BRI. Les rĂšgles europĂ©ennes obĂ©issent au principe de libre concurrence et de compĂ©tition, ainsi tout contrat relatif Ă  la construction d’infrastructures majeures ne peut ĂȘtre accordĂ© qu’aprĂšs le lancement d’un appel d’offre. Les projets tels que conduits jusqu’alors sur la BRI ne suivent pas ce processus, et sont accordĂ©s prioritairement Ă  des entreprises chinoises. Pour cette raison, les dirigeants europĂ©ens appellent Ă  plus d’ouverture. L’Union EuropĂ©enne est d’ailleurs dĂ©jĂ  confrontĂ©e Ă  cette absence d’appel d’offre concernant des projets de la BRI en lien avec l’un de ses membres, Ă  savoir la Hongrie. Une ligne Ă  grande vitesse devrait relier Budapest Ă  Belgrade Ă  l’horizon 2020. Ce plan, financĂ© en partie par China Exim Bank et dont la construction par China Railway International Corporation a commencĂ© en 2017, a Ă©tĂ© critiquĂ© par la Commission EuropĂ©enne qui a diligentĂ© une enquĂȘte au sujet de l’absence d’appel d’offre de la part de Budapest pour la rĂ©alisation de ce projet11. Le poids des entreprises d’État Par ailleurs, les entreprises chinoises Ă  qui sont accordĂ©s ces contrats sont bien souvent des entreprises d’État qui bĂ©nĂ©ficient d’un large soutien, notamment financier, de la part de Beijing. Selon l’Union europĂ©enne, ces attributions de marchĂ©, que d’aucun jugerait arbitraire, contreviennent au principe de libre marchĂ©. En refusant de prendre part Ă  la BRI telle qu’elle se prĂ©sente aujourd’hui, les États europĂ©ens espĂšrent protĂ©ger leurs entreprises nationales. Il est Ă  noter que c’est au sein des États qui possĂšdent les groupes industriels les plus puissants dans les secteurs de la construction ou de la logistique que la question des contrats de la BRI est la plus discutĂ©e. Le Portugal ou la Hongrie, qui ne possĂšdent pas d’équivalent aux gĂ©ants allemands ou français de ces secteurs, et qui par consĂ©quent n’ont pas d’entreprises nationales Ă  protĂ©ger, se montrent beaucoup plus rĂ©ceptifs aux projets de la BRI sur leur sol. En Italie aussi, les entreprises chinoises inquiĂštent l’homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini a mis en garde contre une possible colonisation de l’économie italienne par des entreprises chinoises. Des investissements chinois dans les secteurs stratĂ©giques Les projets de connexion Chine-Europe semblent de plus aggraver la concurrence entre États ou rĂ©gions europĂ©ennes. Chaque ville ou port europĂ©en espĂšre figurer sur la carte des nouvelles routes de la Soie dressĂ©e par la Chine. Une concurrence exacerbĂ©e entre EuropĂ©ens pour attirer les investisseurs chinois pourrait favoriser la duplication d’infrastructures en Europe et mettre Ă  mal les politiques de dĂ©veloppement stratĂ©gique mises en place par l’Union. Le dĂ©veloppement du commerce Ă©lectronique, la crĂ©ation de rĂ©seaux de fibre optique, ou l’adoption de nouveaux moyens de paiement Ă©lectroniques sont autant de domaines pour lesquels Beijing espĂšre exporter son savoir-faire le long de ces nouvelles routes. Les nouvelles routes de la Soie promues par Beijing ne prennent pas uniquement la forme de routes et de ports, elles peuvent aussi ĂȘtre digitales ou numĂ©riques. Le dĂ©veloppement du commerce Ă©lectronique, la crĂ©ation de rĂ©seaux de fibre optique, ou l’adoption de nouveaux moyens de paiement Ă©lectroniques sont autant de domaines pour lesquels Beijing espĂšre exporter son savoir-faire le long de ces nouvelles routes. Mais Bruxelles, comme Washington, s’inquiĂšte des liens entre les gĂ©ants chinois du numĂ©rique et des tĂ©lĂ©coms et les autoritĂ©s de Beijing. En dĂ©coulent des suspicions de possibles activitĂ©s d’espionnage dans les secteurs les plus stratĂ©giques, comme en tĂ©moigne l’arrestation d’un cadre de l’entreprise chinoise Huawei en Pologne en janvier 2019 pour espionnage12. Les risques d’endettement L’endettement des États participant Ă  la BRI est un autre sujet de prĂ©occupation pour Bruxelles. Plusieurs travaux, dont celui du Center for Global Development ont mis en lumiĂšre ces risques d’endettement13. Le cas du Sri Lanka a fortement marquĂ© les esprits en Asie du Sud-Est mais aussi en Europe. Ayant des difficultĂ©s Ă  rembourser des prĂȘts contractĂ©s auprĂšs de banques chinoises en vue du dĂ©veloppement du port d’Hambantota sur sa cĂŽte mĂ©ridionale, le pays a dĂ» accorder Ă  une entreprise d’État chinoise, en l’occurrence COSCO, une concession de 99 ans de ce port en Ă©change d’une rĂ©duction de sa dette. Il ne faut cependant pas oublier que la Chine n’est pas l’unique responsable de cet endettement. Beijing ne fait qu’offrir son assistance financiĂšre Ă  des États qui dĂ©sirent un financement autour de projets d’infrastructures. Dans certains cas, en raison d’une gouvernance fragile, les projets financĂ©s se rĂ©vĂšlent ĂȘtre des Ă©lĂ©phants blancs », Ă©conomiquement non viables et dĂ©cidĂ©s principalement pour des raisons politiques. Ainsi, certains experts ont avouĂ© leur scepticisme concernant le dĂ©veloppement du port d’Hambantota, district natal de l’ancien prĂ©sident sri lankais qui a soutenu ce projet. Mais, il n’est pas nĂ©cessaire d’aller jusqu’en Asie du Sud-Est pour ĂȘtre confrontĂ© Ă  des doutes concernant le financement de certaines infrastructures de la BRI. En Europe, aux portes de l’Union europĂ©enne, un projet d’autoroute financĂ© en partie par la Chine et labellisĂ© Belt and Road est sous le feu des critiques ; il s’agit de la route reliant Bar Ă  Boljare au MontĂ©nĂ©gro, dont la construction par la China Road and Bridge Corporation a commencĂ© en 2015. Pour la premiĂšre section de cette route, le gouvernement montĂ©nĂ©grin a obtenu un prĂȘt de plus de 800 millions d’euros de la Banque chinoise pour les exportations et importations EXIM Bank. Selon le FMI, Podgorica aura besoin d’un autre milliard d’euros pour terminer cette route14. Ces dĂ©penses pĂšsent trĂšs lourdement dans le budget de ce pays d’environ 600 000 habitants. Certains observateurs redoutent que Podgorica ouvre plus amplement l’ensemble de son Ă©conomie Ă  la Chine dans le but de rembourser ses dettes, pour un projet qui n’est probablement pas viable d’un point de vue Ă©conomique en raison de la faiblesse du trafic routier. RĂ©ponse aux nouvelles routes de la Soie L’absence de position commune et la perspective de nouveaux investissements chinois en Europe ont pendant longtemps retardĂ© la formulation d’une rĂ©ponse europĂ©enne Ă  la BRI chinoise. D’autres puissances, ont, au contraire, cherchĂ© Ă  proposer rapidement une alternative au projet chinois. Les autres projets rĂ©gionaux et l’Initiative L’objectif de faire renaĂźtre les anciennes routes de la Soie n’est pas nouveau. Au lendemain de la chute de l’URSS, des projets ont vu le jour dans l’optique de dĂ©velopper des infrastructures de transport et d’énergie reliant l’Asie Ă  l’Europe. Cependant ces initiatives ont frĂ©quemment souffert d’une concurrence accrue, qui les a empĂȘchĂ©es d’aboutir pleinement. Dans le domaine de l’énergie, on peut mentionner le projet de pipeline de la Paix qui devait relier l’Iran, le Pakistan et l’Inde, ou encore le TAPI, regroupant le TurkmĂ©nistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde. Une autre initiative, qui ambitionnait elle aussi de faciliter les transports entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud, est le Corridor International de Transport Nord Sud International North-South Transport Corridor, INSTC. Ce projet est nĂ© sous l’impulsion de la Russie, de l’Inde et de l’Iran en 2002. Il regroupe aujourd’hui la majoritĂ© des États d’Asie centrale et du Caucase. Mais ce n’est qu’à partir de 2012 que les premiĂšres infrastructures de l’INSTC ont vu le jour. Dans la rĂ©gion du Caucase, l’AzerbaĂŻdjan et la GĂ©orgie ont depuis longtemps le projet de crĂ©er un corridor Ă©conomique comprenant Ă  la fois des pipelines, des routes et des voies ferrĂ©es. L’ensemble de ces projets a souffert d’importants retards pour de multiples raisons. L’instabilitĂ© de la rĂ©gion, et plus particuliĂšrement les guerres en Afghanistan vĂ©ritable verrou entre l’Asie centrale et l’Asie mĂ©ridionale ont empĂȘchĂ© la rĂ©alisation de ces nouvelles routes. Les tensions rĂ©gionales, entre le Pakistan et l’Inde, les sanctions contre l’Iran ont aussi menacĂ© ces projets. Enfin, les États impliquĂ©s dans ces initiatives de connectivitĂ© n’ont pas toujours rĂ©ussi Ă  sĂ©curiser le financement, coĂ»teux, de ces infrastructures. Mais l’ensemble de ces projets n’a pas vocation Ă  concurrencer la BRI chinoise. Au contraire, l’initiative inaugurĂ©e par Beijing leur apporte un nouveau souffle, et leur permet de bĂ©nĂ©ficier d’une nouvelle manne financiĂšre. D’autre part, la puissance chinoise fait taire les dissensions inter-rĂ©gionales. Les États de la rĂ©gion sont en gĂ©nĂ©ral plus enclins Ă  accepter le leadership de la Chine, parfois Ă  contrecƓur, que celui de leur voisin. Ainsi l’AzerbaĂŻdjan, État clef du INSTC qui devrait prochainement abriter le siĂšge de l’organisation, s’est dĂ©clarĂ© prĂȘt Ă  contribuer Ă  la BRI et ainsi Ă  renforcer les Ă©changes entre l’Europe et la Chine. Le Pakistan constitue un autre exemple intĂ©ressant. Islamabad et Beijing dĂ©veloppent de concert le Corridor Économique Chine Pakistan, qui est Ă  ce jour le tronçon le plus avancĂ© de la BRI, avec notamment la construction du port en eau profonde de Gwadar. Cela n’a pas empĂȘchĂ© un membre du gouvernement pakistanais d’annoncer la possible participation de son pays au INSTC, dĂ©montrant qu’il n’existe pas de rĂ©elle concurrence entre ces projets. Des alternatives Ă  l’Initiative ? Aujourd’hui, peu d’États ont les moyens financiers et politiques de s’opposer frontalement au projet chinois. Seuls les États-Unis et l’Inde ont proposĂ© des possibilitĂ©s d’alternatives Ă  la BRI. Les États-Unis constituent la puissance qui s’est le plus fortement manifestĂ©e contre la BRI chinoise. L’administration de Donald Trump a, Ă  plusieurs reprises et ouvertement, mis en garde la communautĂ© internationale contre les dangers que posait l’initiative promue par Beijing. Rex Tillerson, secrĂ©taire d’État en 2017, avait dĂ©noncĂ© la menace que reprĂ©sentait le projet chinois sur la souverainetĂ© des États de la rĂ©gion, dans un discours sur les relations indo-amĂ©ricaines15. Le vice-prĂ©sident Mike Pence est allĂ© plus loin en dĂ©crivant la BRI comme une diplomatie de la dette debt diplomacy16. Pour s’opposer Ă  la Chine, les États-Unis ont choisi de faire renaĂźtre le dialogue quadrilatĂ©ral Quad Ă  l’occasion du sommet de l’APEC en novembre 2017, en compagnie de l’Australie, de l’Inde et du Japon. Créé en 2007 pour coordonner des exercices militaires en mer de Chine mĂ©ridionale, le Quad est alors rapidement abandonnĂ©. Aujourd’hui encore, l’Inde semble trĂšs rĂ©ticente Ă  dĂ©velopper avec les États-Unis cette initiative Ă  dominance militaire. Washington rĂ©flĂ©chit aussi Ă  la mise en place d’un projet d’infrastructures pour l’Asie. En juillet 2018, le secrĂ©taire d’État Mike Pompeo annonçait le lancement prochain d’un plan visant Ă  renforcer la connectivitĂ© dans la rĂ©gion Indo-pacifique18. En novembre 2017, New Delhi a lancĂ© avec Tokyo le Corridor de Croissance Asie–Afrique Asia-Africa Growth Corridor qui vise Ă  renforcer les Ă©changes entre les deux continents. L’Inde a compris les inquiĂ©tudes de certains États africains et asiatiques Ă  propos de la participation des entreprises d’État chinoises dans la BRI. Ce projet propose donc de favoriser l’entrepreneuriat et le secteur privĂ©. Mais les rĂ©alisations de ce corridor peinent Ă  se concrĂ©tiser et dĂ©pendront de la robustesse de l’axe indo-japonais. L’exemple japonais La stratĂ©gie europĂ©enne face Ă  l’initiative chinoise est Ă  rapprocher de la rĂ©ponse japonaise davantage que de celle de Washington. Bien que Tokyo ait collaborĂ© avec New Delhi sur le projet de Corridor de Croissance Asie–Afrique, le Japon est de plus en plus prĂ©sent au sein de la BRI chinoise. Il est vrai cependant que jusqu’ici, Tokyo a refusĂ© d’adhĂ©rer Ă  la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures et de signer un MĂ©morandum d’entente actant sa participation Ă  la BRI chinoise. Les entreprises japonaises sont nĂ©anmoins trĂšs prĂ©sentes sur les nouvelles routes de la Soie, notamment dans le secteur de la logistique. D’autre part, suite aux Ă©checs essuyĂ©s Ă  la fois par Beijing et Tokyo pour la construction de nouvelles voies ferrĂ©es en Malaisie19, les deux pays ont choisi de collaborer, et en septembre 2018 s’est tenu un premier comitĂ© Chine-Japon pour renforcer la coopĂ©ration dans le domaine ferroviaire en Asie. Le plan de connectivitĂ© Europe-Asie Il a fallu prĂšs de cinq ans pour que l’Union europĂ©enne propose une rĂ©ponse Ă  l’initiative Belt and Road. Celle-ci est maintenant prise en compte dans la stratĂ©gie europĂ©enne en Asie, et les États membres de l’Union qui ont le plus d’intĂ©rĂȘts en Asie l’ont Ă©galement intĂ©grĂ©e dans leur politique Ă©trangĂšre. Ainsi, le livre blanc de la stratĂ©gie Asie-OcĂ©anie 2030 de la France dĂ©crit l’initiative Belt and Road comme l’un des principaux facteurs de transformation du continent20. En septembre 2018, Frederica Mogherini, Haute reprĂ©sentante de l’Union pour les Affaires Ă©trangĂšres et la politique de sĂ©curitĂ© a dĂ©voilĂ© les premiĂšres lignes du plan de connectivitĂ© Europe-Asie. Le projet europĂ©en consiste principalement Ă  Ă©tendre les succĂšs de l’UE en matiĂšre de connectivitĂ© en dehors de l’Union. Ainsi, ce projet s’appuie en grande partie sur l’expĂ©rience acquise lors de la rĂ©alisation du programme TEN-T Trans-European Transport Networks ou rĂ©seau transeuropĂ©en de transport dont les premiĂšres orientations ont vu le jour en 1996. L’Union europĂ©enne a en effet pour objectif de connecter ses rĂ©seaux actuels de transports et d’énergie Ă  des pays tiers, principalement en Europe de l’Est BiĂ©lorussie, Moldavie, Ukraine et dans le Caucase ArmĂ©nie, GĂ©orgie, AzerbaĂŻdjan21. Comme la BRI, le projet europĂ©en comporte un volet numĂ©rique qui se traduirait par une poursuite du programme Digital4Development,lancĂ© en 2017, pour l’Asie, qui consiste Ă  dĂ©velopper des solutions numĂ©riques dans les rĂ©gions les plus isolĂ©es et Ă  promouvoir un internet plus sĂ»r afin de renforcer les Ă©changes. Ce plan insiste sur deux points importants qui pourraient le diffĂ©rencier de la BRI chinoise. Tout d’abord, la gouvernance et les rĂšgles de droits sont au cƓur du projet europĂ©en. Bruxelles a soigneusement pris en compte les critiques envers le manque de transparence de la BRI chinoise. Le deuxiĂšme point concerne les externalitĂ©s nĂ©gatives ». Une grande attention sera donnĂ©e Ă  l’impact environnemental et social des projets de connectivitĂ© europĂ©ens. On peut donc penser que ces projets ne devraient pas suivre le modĂšle du Big is beautiful qui caractĂ©rise malheureusement certains projets chinois. Contrairement Ă  d’autres projets dĂ©veloppĂ©s en rĂ©action Ă  la BRI chinoise, le plan europĂ©en reste ouvert Ă  l’ensemble de la communautĂ© internationale. Les premiers documents prĂ©sentant le programme insistent sur le besoin de coopĂ©ration rĂ©gionale et internationale. Selon ces documents, l’Union europĂ©enne est, par exemple, prĂȘte Ă  dialoguer avec l’Iran sur les questions de connectivitĂ©. Enfin, il est important de noter que le plan europĂ©en et l’initiative chinoise sont complĂ©mentaires, et vus comme tels Ă  la fois par la Chine et l’Europe. Ainsi, le mĂ©morandum d’entente22 signĂ© par Rome et Beijing mentionne explicitement la recherche de synergie entre la BRI et le TEN-T. Si l’Union europĂ©enne considĂšre la Chine comme un rival systĂ©mique »23, Bruxelles et Beijing continuent cependant une possible coordination entre le plan europĂ©en et l’initiative chinoise comme en tĂ©moigne la quatriĂšme rencontre de la plateforme de connectivitĂ© UE-Chine qui s’est tenue en marge du 21e sommet sino-europĂ©en en avril 2019. L’Union europĂ©enne est donc bien consciente qu’elle ne peut rivaliser avec la Chine pour la construction de nouvelles infrastructures reliant l’Europe Ă  l’Asie, en termes de ressources et de volontĂ© politique. De ce fait, contrairement Ă  Washington ou New Delhi, elle privilĂ©gie la coopĂ©ration Ă  la confrontation. En moins de cinq ans, la BRI chinoise est devenue un concept structurant des relations internationales, et continue de sĂ©duire de nombreux États dans le monde, participant ainsi Ă  l’émergence d’une superpuissance chinoise. Cependant, ce programme fait aussi face Ă  des critiques grandissantes – justifiĂ©es ou non – sur d’éventuels problĂšmes d’endettement et aussi sur l’impact environnemental de la BRI. Le projet europĂ©en, bien que plus modeste en terme de financement, prĂ©sente certains gages dans les domaines de la gouvernance et du dĂ©veloppement durable. Les projets chinois et europĂ©en paraissent ainsi complĂ©mentaires. Si les États europĂ©ens ne sacrifient pas leur vision collective de ce projet, et ne se concurrencent pas entre eux pour attirer d’éventuels investissements chinois – ce qui conduirait Ă  la possible duplication de certaines infrastructures –, de nouvelles routes de la Soie, qui assureraient des Ă©changes Ă©quitables de l’Europe Ă  la Chine, pourraient renaĂźtre.
Laroute de la soie : ESCALE, BejaĂŻa il y a 900 ans : Berceau d’une rĂ©volution mathĂ©matique. zman-admin 24 janvier 2021 24 janvier 2021. Entre la Corse et l’AlgĂ©rie : l’incroyable destin des Montera. zman-admin 5 dĂ©cembre 2020 5 dĂ©cembre 2020. PAPA, Tes semblables sont en prison ! zman-admin 13 octobre 2020 13 octobre 2020. Extrait revue

Territoire authentiquement soviĂ©tique, créé Ă  partir d’une table rase ethnique et historique par la fuite et l’expulsion de tous les Allemands de Prusse orientale en 1945, la rĂ©gion fĂ©dĂ©rĂ©e russe de Kaliningrad est rĂ©putĂ©e ĂȘtre sans racine. En rĂ©alitĂ©, elle n’a pas Ă©tĂ© repeuplĂ©e pour la premiĂšre fois en 1945 elle l’avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă  partir du xiiie siĂšcle par les Allemands aux dĂ©pens des Baltes paĂŻens de Borussie. Une suprĂ©matie colonisatrice et universaliste teutonique a tout simplement fait place Ă  une autre, celle de l’URSS dont la Russie est ici l’hĂ©ritiĂšre directe. En effet, Kaliningrad a suscitĂ© un long processus d’enracinement russe irrĂ©versible. Dr Olivier Roqueplo de L’Âage,universitĂ©d’État de Novossibirsk, Russie, spĂ©cialiste de la gĂ©opolitique russe et germanique. Auteur de La Russie et son Miroir d’ExtrĂȘme-Occident l’identitĂ© gĂ©opolitique de la Russie ultrapĂ©riphĂ©rique sous le prisme de l’Oblast de Kaliningrad. Une thĂ©orisation gĂ©opolitique du territoire russe, INALCO, sous presse. Dr Jekaterina Kenina, chercheuse en relations internationales, politologue, Harper College, États-Unis, et universitĂ© d’État de Russie pour les sciences humaines RGGU. Elle est spĂ©cialisĂ©e dans la question de l’influence des Ă©lites intellectuelles dans le monde politique contemporain. La rĂ©gion est l’objet de revendications territoriales plus ou moins avouĂ©es de tous ses voisins, frĂšres, ex-propriĂ©taires Lituanie, Pologne, Allemagne, BĂ©larus. On note mĂȘme l’intĂ©rĂȘt de la Chine. Autant dire que cette terre de tous les vides suscite, plus qu’aucune autre dans la Baltique, des mĂ©moires et des tentations de rĂ©enracinement national ou impĂ©rial. À la fois balte, germanique, slave et soviĂ©tique, Kaliningrad est une vraie ligne de faille de l’Europe oĂč se joue l’issue du grand affrontement atlanto-eurasiatique. Kaliningrad russe l’ocĂ©an, la victoire et les Romanov Kaliningrad est nĂ©e parce que l’URSS souhaitait obtenir des ports situĂ©s les plus Ă  l’ouest possible pour atteindre au mieux les dĂ©troits danois, donc l’ocĂ©an mondial. Le but Ă©tait stratĂ©gique, mais pas seulement militaire. De fait, c’est la pĂȘche industrielle menĂ©e dans l’Atlantique puis au-delĂ  encore qui a Ă©tĂ© le moteur du redĂ©veloppement socio-Ă©conomique et scientifique d’une rĂ©gion totalement dĂ©vastĂ©e par la guerre. Kaliningrad, c’est donc un grand port soviĂ©tique mondial dont le rĂŽle n’a diminuĂ© qu’avec la perestroĂŻka. Cette dimension ouest-russe de Kaliningrad est fondamentale. Ethniquement russe, mais bĂątie sur l’ex-Prusse germanique, Kaliningrad fait partie d’un ensemble de rĂ©gions russes plus tournĂ©es vers l’Europe que les autres, avec Saint-PĂ©tersbourg, l’Ingrie, Pskov, Smolensk. Ce que nous appelons l’Europe russe » joue un rĂŽle important dans le positionnement gĂ©opolitique de la FĂ©dĂ©ration qui semble toujours surtout tournĂ©e vers l’Ouest, Ă  tout le moins culturellement. Kaliningrad, gĂ©o-historiquement morceau de l’Europe centrale, y attire la Russie et l’y ancre dĂ©finitivement, tout en lui ajoutant une dimension germanique qui a souvent Ă©tĂ© la tĂȘte de l’État russe depuis Pierre le Grand. Kant, le philosophe de Königsberg-Kaliningrad, est le symbole revendiquĂ© de ce lien Ă  l’Europe. Or c’est avec ce passĂ©-lĂ  que la Russie actuelle, politiquement trĂšs pĂ©tersbourgeoise, renoue aux dĂ©pens de l’hĂ©ritage soviĂ©tico-communiste controversĂ© dans l’élite russe. Kaliningrad est aussi un lieu de mĂ©moire russe. C’est d’abord le symbole territorial de la victoire sur le Reich l’URSS voulait ancrer son avancĂ©e sur le territoire de l’ennemi, et ce au nom d’une coalition de tous les Slaves SoviĂ©tiques, Polonais et TchĂšques inclus contre le pangermanisme. Depuis 1991, seule cette rĂ©gion, avec un tronçon de la CarĂ©lie, et les Kouriles rappellent que la Russie soviĂ©tique a triomphĂ© de l’Axe. C’est dĂ©cisif quand on sait que la victoire de 1945 est l’une des rares mĂ©moires qui rĂ©unissent un consensus large dans la sociĂ©tĂ© postsoviĂ©tique. Le 9 mai est la principale fĂȘte nationale. Et Kaliningrad en est comme l’incarnation gĂ©ographique. Cette terre est donc directement liĂ©e Ă  la redĂ©finition de l’identitĂ© russe, et Ă  son prestige hĂ©ritĂ© de l’URSS, ainsi qu’à ses ambitions europĂ©ennes et mondiales. D’oĂč, rĂ©ciproquement, un vrai acharnement mĂ©diatique atlantiste contre la rĂ©gion depuis 1991. Mais Ă  travers Kaliningrad, on retrouve en Russie la mĂ©moire de la belle victoire de Gumbinnen septembre 1914 et peut-ĂȘtre surtout celle des batailles napolĂ©oniennes Eylau, Friedland, 1807 qui font partie de la littĂ©rature tolstoĂŻenne que tout Russe connaĂźt. Cette dimension historique assez ancienne rappelle aussi Ă  l’État que la Prusse orientale du centre-nord n’est pas devenue russe pour la premiĂšre fois en 1945 elle avait Ă©tĂ© conquise et dĂ©jĂ  annexĂ©e officiellement par l’Empire de Russie pendant la guerre de Sept Ans de 1759 Ă  1762 et abandonnĂ©e pour un retournement d’alliances. Plus tĂŽt encore, la Prusse orientale semble bien ĂȘtre le berceau des Romanov un prince balte paĂŻen de Prusse Borussie du xiiiesiĂšcle, Glanda Kambila, chassĂ© par les teutoniques, est le premier ancĂȘtre connu des boyards moscovites qui accĂ©dĂšrent au trĂŽne russe en 1610 sous le nom de Romanov. Leibniz n’hĂ©sitait pas Ă  dire Ă  Pierre le Grand que la Prusse Ă©tait son fief hĂ©rĂ©ditaire ». Or les derniers Romanov ont Ă©tĂ© canonisĂ©s par l’Église russe en 2000 et ils sont devenus la rĂ©fĂ©rence historique russe utilisĂ©e par le Kremlin contre la rĂ©fĂ©rence communiste. De façon indirecte, mais historiquement fondĂ©e, la Prusse orientale russe a donc quelque chose de profond en commun avec le cƓur de la Russie actuelle Europe russe comme Saint-PĂ©tersbourg, tropisme occidental, origine d’une dynastie sanctifiĂ©e et identifiĂ©e au peuple russe dans son ensemble. À lire Ă©galement Kaliningrad, concentrĂ© de la nouvelle confrontation russo-occidentale La Lituanie et son berceau de Lituanie mineure La Lituanie a fait partie de l’Empire de Russie, puis de l’URSS avec la Russie. MalgrĂ© ou Ă  cause de cette communautĂ© de destin historique, la Lituanie nourrit de vĂ©ritables revendications territoriales sur une rĂ©gion aujourd’hui mono-ethnique russe. Ces revendications sont trĂšs anciennes et renvoient Ă  la difficultĂ© des Lituaniens Ă  concevoir les limites, trĂšs floues et trĂšs larges, du territoire et de l’ethnie auxquels ils se rĂ©fĂšrent. Au xiiie siĂšcle, au temps de la conquĂȘte teutonique et du prince de Prusse Kambila, la Lituanie sert de refuge aux paĂŻens baltes persĂ©cutĂ©s par les moines-chevaliers. Il semble que la Prusse orientale, alors balte et nommĂ©e Borussie ou PruthĂ©nie, ait exercĂ© une suprĂ©matie religieuse paĂŻenne sur les Lituaniens qui n’ont alors plus cessĂ© de la revendiquer jusqu’à la fin de l’ordre Teutonique en 1525. La construction ethnolinguistique de la lituanitĂ© Ă  la fin du xixe siĂšcle a rĂ©chauffĂ© cette revendication mĂ©diĂ©vale. Les nationalistes lituaniens formulent leur identitĂ© nationale sur la base d’une langue codifiĂ©e dans les confins prusso-lituaniens au xvie siĂšcle par les pasteurs luthĂ©riens. C’est une langue intermĂ©diaire entre les dialectes lituaniens donc pratique, et qui a pour elle le prestige de l’écrit. Elle fonde alors une revendication sur toute la Prusse orientale jadis de langue balte et spĂ©cialement sur tous les territoires au nord du Pregel nommĂ©s Lituanie mineure. DĂšs 1919, cette revendication est lancĂ©e officiellement aux dĂ©pens du IIe Reich vaincu, d’oĂč l’annexion de la rĂ©gion de Klaipeda en 1923. Mais il reste encore la moitiĂ© sud, entre NiĂ©men et Pregel, qui reste allemande. Pendant l’ùre soviĂ©tique, cette question est posĂ©e plusieurs fois par les communistes lituaniens sans aboutir. Mais dĂšs 1991, les dĂ©putĂ©s nationalistes puis les ambassadeurs du pays et jusqu’au chef de l’État, V. Landsbergis, s’en emparent, malgrĂ© la reconnaissance des frontiĂšres russo-lituaniennes par traitĂ© mutuellement ratifiĂ© en 1997. Cette revendication se traduit symboliquement par le nom que ces nationalistes donnent Ă  Kaliningrad rĂ©gion de Karaliaucius », version lituanisĂ©e du nom allemand Königsberg. Autant dire qu’ils refusent de reconnaĂźtre que la rĂ©gion a Ă©tĂ© intĂ©gralement repeuplĂ©e. Depuis 2016, on atteint le paroxysme des revendications lituaniennes. Elles portent maintenant sur tout le sujet fĂ©dĂ©rĂ© Kaliningrad, et des porte-paroles de l’OTAN, notamment polonais, les ont soutenues officiellement. Ont-elles une rĂ©alitĂ© ? En temps de paix, elles restent de l’ordre du rĂȘve ultranationaliste. Les capacitĂ©s d’action politique lituaniennes sont trĂšs faibles, mĂȘme Ă  ses frontiĂšres immĂ©diates. Cependant, dans le cadre d’une guerre OTAN-Russie, la Lituanie serait la premiĂšre intĂ©ressĂ©e et pourrait, au vu des soutiens qu’elle a pu recevoir de diffĂ©rents pays de cette alliance, obtenir gain de cause. Mais c’est laisser de cĂŽtĂ© le problĂšme du million de Russes qui habite le territoire en question. Or pour l’État lituanien, ces Russes sont des occupants » donc expulsables. La Lituanie se transformerait alors en recolonisatrice des terres de ses anciens frĂšres de Borussie. La Pologne entre retour Ă©conomique et rĂŽle historique Tout comme la Lituanie, l’intĂ©rĂȘt particulier de la Pologne pour la Prusse orientale est trĂšs ancien. C’est un Polonais, le duc Konrad de Mazovie, qui appelle les teutoniques pour soumettre les Baltes paĂŻens de Borussie. Les teutoniques conquiĂšrent l’essentiel de la Borussie, mais se rendent indĂ©pendants ; la Pologne ne cesse alors plus de rappeler ses droits sur toute la Prusse orientale jusqu’à obtenir la souverainetĂ© indirecte 1525 sur le territoire. C’est ainsi le roi de Pologne Sigismond II qui crĂ©e un duchĂ© de Prusse sur ce qui est Ă  peu prĂšs notre rĂ©gion de Kaliningrad, et il garde son droit de rĂ©voquer le duc germanique. VoilĂ  pourquoi la Pologne refuse catĂ©goriquement de reconnaĂźtre le Royaume de Prusse des Hohenzollern jusqu’aux partages mortels de la Pologne le seul roi en Prusse ne peut ĂȘtre que le roi de Pologne. En 1918, une fois leur indĂ©pendance obtenue, les Polonais revendiquent bien un morceau de la Prusse orientale, mais ce n’est pas l’actuelle Kaliningrad. Ce n’est qu’en 1944-1945, dans le cadre des nĂ©gociations internationales sur les nouvelles frontiĂšres de la Pologne que ce pays revendique toute l’actuelle Kaliningrad en compensation des pertes subies Ă  l’est. Puis les Polonais se rabattent sur les territoires du sud du Pregel. Enfin, ils abandonnent face Ă  la pression irrĂ©sistible de l’URSS. À partir de 1989, l’ouverture des frontiĂšres favorise une forte influence Ă©conomique et linguistique polonaise sur toute la moitiĂ© sud de la rĂ©gion russe, Kaliningrad-ville comprise. C’est de facto surtout de Pologne que viennent les importations. Cette intĂ©gration progressive dans l’économie polonaise est du reste rĂ©ciproque les rĂ©gions de la Prusse polonaise sont elles-mĂȘmes dĂ©pendantes du commerce avec Kaliningrad. Les intĂ©rĂȘts polonais sont assez importants pour qu’on puisse poser la question de possibles revendications qui reprendraient celles de 1944 et du xviiie siĂšcle. Des associations politiques minoritaires les ont formulĂ©es dans les annĂ©es 1990 ; elles seraient logiques aujourd’hui dans une Pologne qui se voit en gendarme atlantiste de l’Europe du centre-est. Mais on ne les trouve pas au niveau officiel, et la Pologne a soutenu celles de la Lituanie en 2016. De facto, de tous les acteurs impliquĂ©s, la Pologne est de loin celui qui a le plus Ă  perdre, car rouvrir la question des anciennes frontiĂšres allemandes, c’est Ă  terme se condamner Ă  perdre la moitiĂ© de son territoire acquis sur l’Allemagne en 1945. La RFA et ses LĂ€nder une double politique culturelle trĂšs efficace L’Allemagne occupe une place Ă©trange dans la question est-prussienne. Bien entendu, tout le territoire de Kaliningrad lui appartenait de 1255 Ă  1945 et d’ailleurs avec une place particuliĂšre c’était lĂ  que se trouvait le cƓur symbolique de l’État et de la dynastie prussienne des Hohenzollern qui se couronnaient rois et se faisaient enterrer Ă  Königsberg, l’actuelle ville de Kaliningrad. Les deux millions de Prussiens expulsĂ©s en 1945 et rĂ©fugiĂ©s en RFA ont rajoutĂ© une strate de sens Ă  ce haut lieu royal et national la Prusse orientale martyre de la guerre et de ses dĂ©placements meurtriers de populations. C’est ainsi que jusqu’en 1990, la Prusse orientale comme tous les territoires Ă  l’est de l’Oder-Neisse figurent sur tous les atlas de RFA comme territoires allemands sous occupation ». Le traitĂ© sur les frontiĂšres de 1990 met un terme Ă  cette incertitude inquiĂ©tante. Mais dĂšs 1985, les LĂ€nder se lancent dans une ambitieuse politique culturelle Ă  destination des anciennes possessions allemandes. Cette politique aboutit, dĂšs 2000, Ă  un rĂ©tablissement spectaculaire du prestige du patrimoine allemand rĂ©gional. Les acteurs allemands financent la restauration des bĂątiments, la redĂ©couverte de la littĂ©rature, de l’histoire et des grands hommes allemands de la rĂ©gion, enfin la langue. Le rĂ©sultat Ă  Kaliningrad est une recomposition identitaire qui fait apparaĂźtre un nouveau groupe, rĂ©gionaliste, qui est russe, mais porteur de l’hĂ©ritage prussien allemand. Ces Russes sont rarement germanophones, mais ils sont germanophiles et insistent sur leur spĂ©cificitĂ© culturelle, voire sur leur qualitĂ© de subethnos. Ce mĂȘme phĂ©nomĂšne de re-germanisation de la conscience culturelle est du reste observable en SilĂ©sie, PomĂ©ranie et Prusse polonaises. Dans le mĂȘme temps, la RFA a gardĂ© une retenue exemplaire sur la question il n’y a aucune revendication de sa part. Mais l’activisme intense des LĂ€nder qui la composent pourrait parfois faire penser le contraire. Et surtout une politique aussi efficace n’a plus besoin de revendications ce sont les locaux eux-mĂȘmes, tout Russes qu’ils soient, qui se revendiquent du monde germanique et pourraient, le cas Ă©chĂ©ant, demander Ă  y entrer. En 2016, la donne change. Avec la montĂ©e des tensions Russie-OTAN, des missions militaires atlantistes sont envoyĂ©es dans les pays baltes. Or celle envoyĂ©e en Lituanie est commandĂ©e par la RFA. Ce qui place soudain les militaires allemands Ă  la frontiĂšre mĂȘme de leur ancienne Prusse orientale. Le passage d’une relation culturelle privilĂ©giĂ©e et de l’intĂ©rieur Ă  une relation militarisĂ©e extĂ©rieure avec Kaliningrad rend le spectre d’une rĂ©annexion moins lointain qu’il n’y paraissait en 2010. Or la prĂ©sence Ă©conomique et politique allemande est trĂšs forte aussi bien en Prusse polonaise qu’en Lituanie. Cet encerclement allemand de facto de Kaliningrad fait rĂ©flĂ©chir, mĂȘme si seule une guerre paneuropĂ©enne pourrait inciter la RFA Ă  aller plus loin dans la re-germanisation. Le BĂ©larus l’autre hĂ©ritier de l’URSS et de la Borussie Le BĂ©larus est systĂ©matiquement oubliĂ© quand il est question de Kaliningrad. À tort, car c’est un acteur important et trĂšs impliquĂ© dans sa crĂ©ation. Les nationalistes biĂ©lorussiens estiment que Kaliningrad Ă©tait majoritairement biĂ©lorussienne dans les premiĂšres annĂ©es de l’aprĂšs-guerre soviĂ©tique. Quoi qu’il en soit, le BĂ©larus a une histoire commune avec la Prusse orientale le Belarus c’est le Grand-DuchĂ© de Lituanie, puis la Pologne-Lituanie. Plus profondĂ©ment encore, la vieille Borussie paĂŻenne s’étendait aussi sur le biĂ©lorussien RuthĂ©nie noire. Aussi le BĂ©larus peut-il se tenir pour un des hĂ©ritiers de cette Borussie, comme la Lituanie. Mais le BĂ©larus, lui, ne rejette pas l’ùre soviĂ©tique, et donc peut cumuler les lĂ©gitimitĂ©s sur sa tĂȘte dans la course Ă  Kaliningrad. Cette rĂ©gion russe a en effet un intĂ©rĂȘt majeur pour le BĂ©larus enclavĂ© elle est son dĂ©bouchĂ© maritime le plus proche, et d’ailleurs, c’est par la Prusse orientale que le commerce historique biĂ©lorussien passait. Le prĂ©sident Lukashenko lui-mĂȘme a eu une attitude ambiguĂ« sur la rĂ©gion depuis les annĂ©es 2000 en y manifestant un intĂ©rĂȘt spĂ©cifique pour les terres agricoles. Le BĂ©larus n’est certes pas prĂȘt Ă  disputer Kaliningrad Ă  la Russie. Mais il ne peut s’en dĂ©sintĂ©resser et figure sur la liste des prĂ©tendants en cas de retrait russe, surtout qu’il est un point de passage obligĂ© pour les communications terrestres Moscou-Kaliningrad, et, potentiellement, PĂ©kin-Kaliningrad. Or en 2020, l’union renforcĂ©e proclamĂ©e de la Russie et du BĂ©larus pousse en effet Kaliningrad vers un rapprochement toujours plus fort avec le BĂ©larus qui pourrait finir par capter Ă  son profit une rĂ©gion dont elle a un rĂ©el besoin, gĂ©ographie oblige. Reste Ă  savoir ce que sera cette union tant attendue et pourtant si alĂ©atoire depuis sa proclamation en 1999. Kaliningrad vers un dĂ©bouchĂ© de la route de la soie ? En 2017, dans le cadre des tensions OTAN-Russie et de la coopĂ©ration militaire sino-russe, et pour la premiĂšre fois dans l’histoire, des navires de guerre chinois voguent au large de Kaliningrad et dĂ©montrent un intĂ©rĂȘt pour la rĂ©gion. Sachant que la route de la soie passe par le BĂ©larus et aboutit dĂ©jĂ  en Pologne, une prĂ©sence chinoise Ă  Kaliningrad ne serait pas Ă©tonnante Ă  terme. Cet intĂ©rĂȘt chinois prouve combien la valeur de Kaliningrad dĂ©passe la taille modeste de cette rĂ©gion russe et combien les tensions qui s’y accumulent de tous cĂŽtĂ©s peuvent devenir explosives. Kaliningrad reste, comme jadis la Prusse orientale, un front stratĂ©gico-culturel entre les mondes de l’Ouest chrĂ©tientĂ© catholique, Reichs, UE-OTAN et de l’Est PaĂŻens, Rus’, Empire mongol, puis Eurasie sino-russe. À lire Ă©galement Les frontiĂšres de l’Europe

Lateinture de la soie a Ă©tĂ© effectuĂ©e dans de nombreuses villes de France, la rĂ©gion de Lyon Ă©tant le berceau de l'Ă©levage du ver Ă  soie, du dĂ©veloppement des industries du moulinage et du tissage en France depuis le XIIIĂšme siĂšcle, c'est donc logiquement que l'on peut affirmer que c'est dans cette rĂ©gion que les teinturiers sont les plus performants. La nouvelle Route de la Soie, vaste entreprise de mondialisation de la Chine depuis 2013, Ă©tend ses ramifications aux quatre coins du monde. AprĂšs l’Eurasie, l’Afrique et l’Arctique, PĂ©kin a inclus l’AmĂ©rique latine dans son projet tentaculaire. Vingt pays d’AmĂ©rique latine et des CaraĂŻbes ont rejoint l’ Vizcarra et le PĂ©rou ont rejoint la nouvelle Route de la Soie y a deux mille ans, les Routes de la Soie reliaient la Chine Ă  l’Europe, en passant par la Mongolie, la Perse, l’Arabie, la Syrie, la Turquie puis l’Afrique. Du nom de leur marchandise la plus prĂ©cieuse, elles virent circuler marchands, diplomates, techniciens, soldats ou religieux. Tous participĂšrent Ă  la diffusion des objets, des techniques et des savoirs. La nouvelle Route de la Soie, projet phare du gouvernement de Xi Jinping formulĂ© en 2013, est bien plus un immense rĂ©seau, le nouvel itinĂ©raire a un spectre d’action beaucoup plus large. La “Belt and Road Initiative” BRI a pour objectif de connecter Ă©conomiquement la Chine Ă  l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’AmĂ©rique Latine, afin de gĂ©nĂ©rer, Ă  travers une forte interaction entre les pays, une immense zone d’influence chinoise. Autrement dit, la Chine cherche Ă  accĂ©lĂ©rer l’arrivĂ©e de ses produits sur des marchĂ©s Ă©loignĂ©s. Six ans aprĂšs son lancement, 129 pays – dont l’Italie – ont donnĂ© leur accord pour participer au latine avait d’abord Ă©tĂ© exclue de la carte officielle de l’initiative. Son inclusion reprĂ©sente un tournant diplomatique du gouvernement chinois en 2015. Xi Jinping avait alors Ă©voquĂ© la possibilitĂ© que l’AmĂ©rique latine fasse partie de l’extension naturelle » de la Route de la Soie pour relier l’OcĂ©anie. 20 pays d’AmĂ©rique Latine et des CaraĂŻbes ont aujourd’hui rejoint officiellement le projet ou signĂ© un mĂ©morandum d’ Chine, un partenaire Ă©conomique essentielRĂ©cemment, le PĂ©rou a ainsi rejoint le Panama, l’Uruguay, l’Équateur, le Venezuela, le Chili, la Bolivie ou encore Cuba. A travers son initiative, la Chine tend Ă  prioriser ses investissements dans les infrastructures routiĂšres, ferroviaires, portuaires et de communication. Le projet chinois consiste notamment Ă  construire une ligne ferroviaire reliant les ocĂ©ans Atlantique et Pacifique par le BrĂ©sil et le PĂ©rou. Cette route rĂ©duirait considĂ©rablement le temps des Ă©changes commerciaux. A l’heure actuelle, les produits sud-amĂ©ricains doivent en effet transiter par le canal de Panama, puis naviguer un mois pour atteindre la souhaite, par ses investissements, amĂ©liorer l’interconnectivitĂ© des infrastructures latino-amĂ©ricaines. La Chine a Ă©galement participĂ© Ă  la reconstruction de l’aĂ©roport Eloy Alfaro Équateur, durement touchĂ© par un sĂ©isme en 2016. Au Panama, une nouvelle ligne de train sera créée pour relier la capitale du pays Ă  David, une ville Chine est le second partenaire commercial de l’AmĂ©rique latine. En 2018, la valeur totale des importations et exportations ont atteint 307,4 milliards d’euros. L’Empire du milieu est aussi devenu le premier partenaire commercial du PĂ©rou et du Chili. Les Ă©changes commerciaux entre PĂ©kin et Lima ont atteint un montant record de 23 milliards d’euros en des grands pays d’AmĂ©rique latine ?Les quatre grands pays d’AmĂ©rique latine – le BrĂ©sil, l’Argentine, le Mexique et la Colombie – n’ont pas rejoint l’initiative. Il convient cependant de noter que mĂȘme sans la Route de la Soie, la Chine est un acteur Ă©conomique majeur en AmĂ©rique latine. Les Ă©changes commerciaux entre les deux zones ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par 22 au cours de la derniĂšre dĂ©cennie et les banques de dĂ©veloppement chinoises ont prĂȘtĂ© 150 milliards de dollars aux pays Aires entretient d’excellentes relations avec PĂ©kin. De mĂȘme, malgrĂ© les critiques de son prĂ©sident envers la Chine, le vice-prĂ©sident brĂ©silien Hamilton Mourao a insistĂ© sur le fait que la Chine Ă©tait un partenaire stratĂ©gique essentiel pour le BrĂ©sil. PĂ©kin est d’ailleurs son premier partenaire commercial et la principale source d’investissement direct Ă  l’étranger. Les investissements brĂ©siliens sont importants en Chine. Enfin, la relation croissante entre PĂ©kin et des pays africains stratĂ©giques pour le gouvernement et le monde des affaires brĂ©silien – tels que l’Angola ou le Mozambique – participe au rapprochement entre les deux Mexique Ă©galement est un pĂŽle d’attraction pour les activitĂ©s chinoises. La Chine envisage notamment d’investir dans le l’amĂ©nagement d’un corridor ferroviaire traversant l’isthme de Tehuantepec, une mince bande de terre entre l’Atlantique et le Pacifique. La construction d’un tel projet Ă©quivaudrait Ă  un mini-canal de Panama, crĂ©ant un nouveau raccourci entre les deux initiative largement critiquĂ©eLorsque la Chine a invitĂ© l’AmĂ©rique latine et les CaraĂŻbes Ă  rejoindre la nouvelle Route de la Soie, elle a assurĂ© qu’il s’agissait d’une nouvelle plate-forme pour une coopĂ©ration mutuellement bĂ©nĂ©fique ». Plusieurs pays, notamment occidentaux, critiquent pourtant l’initiative. Ils dĂ©noncent tout d’abord l’influence gĂ©opolitique et stratĂ©gique grandissante de la Chine dans la rĂ©gion. Les prĂ©occupations sociales et environnementales sont Ă©galement nombreuses. Plusieurs ONG ont ainsi mis en cause divers projets chinois en AmĂ©rique latine pour violation des droits de l’homme et non-respect des normes de la relation entre PĂ©kin et les pays latino-amĂ©ricains, et les dĂ©sĂ©quilibres Ă©conomiques que cela crĂ©e, sont enfin pointĂ©s du doigt. La Chine est accusĂ©e de favoriser l’endettement des pays qui bĂ©nĂ©ficient de son projet. Comme le mentionne le journaliste Eduardo Daniel Oviedo, la nouvelle Route de la Soie ne dit rien sur les perdants de la relation, le schĂ©ma centre-pĂ©riphĂ©rie, les asymĂ©tries, la concentration commerciale dans quelques produits, et la dĂ©pendance financiĂšre qui caractĂ©rise la relation entre la Chine et certains pays de la rĂ©gion ».Un projet gĂ©opolitiqueEn rĂ©ponse aux critiques, Xi Jinping a voulu, lors du forum de Beijing, attĂ©nuer les inquiĂ©tudes. Il a promis en ce sens de garantir la transparence et la viabilitĂ© financiĂšre de tous les projets. En AmĂ©rique latine, la Chine n’est pas pressĂ©e et ne cherche pas Ă  rallier Ă  tout prix les quatre “grands”. Suivant la stratĂ©gie du jeu du “go”, elle tisse peu Ă  peu sa toile dans la zone. PĂ©kin a dĂ©sormais des accords avec tous les pays Pacifique d’AmĂ©rique du Sud, Ă  l’exception de la l’idĂ©ologie chinoise, l’objectif de la nouvelle Route de la Soie est de raccourcir la distance entre l’Empire du milieu et la zone latino-amĂ©ricaine. La confrontation gĂ©opolitique avec les États-Unis pour le leadership mondial sous-tend cependant l’initiative. Le champ d’action et la pĂ©nĂ©tration de la nouvelle Route de la Soie sont tels qu’il est impossible d’éviter le tour de force gĂ©opolitique. La Chine a en effet profitĂ© du retrait des États-Unis de la rĂ©gion pour tirer parti des espaces gĂ©oĂ©conomiques disponibles. Elle a ralliĂ© Ă  sa cause deux proches alliĂ©s de Washington, le Chili et le PĂ©rou. PĂ©kin met ainsi Washington au dĂ©fi dans son “arriĂšre-cour”. Enfin impossible de parler de la rĂ©gion du Cap sans parler du vin. La rĂ©gion est mondialement connue pour ses vignobles. La tradition viticole remonte au XVII Ăšme siĂšcle et aujourd’hui le pays est le 8 Ăšme producteur mondial de vin. Dans la rĂ©gion des Winelands, les massifs montagneux bĂ©nĂ©ficient d’un microclimat idĂ©al pour la vigne.
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Grenoble Ecole de Management GEM propose un nouveau parcours transcontinental 30 Ă©tudiantes et Ă©tudiants pourront partir en janvier 2022 pour rĂ©aliser le 2Ăšme semestre de leur 2Ăšme annĂ©e du Programme Grande Ecole Ă  Tbilissi en GĂ©orgie au sein de la Caucasus School of Business Caucasus University. Au programme histoire de la route de la soie et son impact sur les relations commerciales actuelles. Ce parcours est dĂ©veloppĂ© dans le cadre de la nouvelle stratĂ©gie d’internationalisation engagĂ©e Ă  travers 3 piliers de nouvelles opportunitĂ©s pour les Ă©tudiants, une prise en compte des impacts environnementaux et un lien renforcĂ© avec le management de la technologie et de l’ de GEM et de 8 Ă©tablissements renommĂ©s dans le mondeL’Ecole a conçu des parcours transcontinentaux d’exception il ne s’agit pas seulement » de proposer un semestre Ă  l’étranger. Les Ă©tudiantes et Ă©tudiants sĂ©lectionnĂ©s pour intĂ©grer ce programme suivent le rythme et la philosophie du Programme Grande Ecole de GEM enseignĂ© par des professeurs de GEM et des professeurs de l’établissement partenaire, au sein d’une promotion d’étudiants locaux. Certains cours et modules sont adaptĂ©s en fonction du pays dans lequel le parcours est suivi. Les Ă©tudiantes et Ă©tudiants peuvent faire le choix d’intĂ©grer ce parcours en 2Ăšme et / ou 3Ăšme du Programme Grande Ecole pour un seul semestre ou pour plusieurs semestres consĂ©cutifs jusqu’à 4 destinations diffĂ©rentes parmi les 7 Ă©tablissements partenaires dans 6 pays du monde et sur 3 continents – spĂ©cialisation business en Asie, Ă  Beihang University, en Chine PĂ©kin– spĂ©cialisation management international Ă  Homerton College / Clare Hall en Grande-Bretagne Cambridge– spĂ©cialisation finance Ă  Pace University aux Etats-Unis New-York– spĂ©cialisation Ă  The George Washington University aux Etats-Unis New-York– spĂ©cialisation management international Ă  McGill University, McGill School of Continuing Studies, au Canada MontrĂ©al– spĂ©cialisation entrepreneuriat et dĂ©veloppement durable Ă  Sasin School of Management, Chulalongkorn University, en ThaĂŻlande Bangkok– spĂ©cialisation Asia Social Innovation by Design, Ă  Strate, Ecole de design Ă  Singapour– spĂ©cialisation route de la soie Ă  Caucasus School of Business, Caucasus University, en GĂ©orgie Tbilissi GEM souhaite par ailleurs dĂ©velopper le parcours transcontinental et Ă©tendre son offre Ă  de nouvelles destinations et ainsi permettre aux Ă©tudiantes et aux Ă©tudiants de partir Ă©tudier en Afrique du Sud, en Asie du sud-est ou encore en Scandinavie » conclut Amanda Pouydebasque, Directrice des affaires internationales de GEM. DsLa9VU. 42 134 70 201 167 130 214 109 398

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